Ces gaz qui asphyxient nos villes...

Paris, Strasbourg, Marseille... Les agglomérations urbaines connaissent régulièrement des pointes de pollution. De nombreux gaz et particules sont présents dans l'air en plus ou moins grande quantité. " En raison de la complexité de la pollution atmosphérique urbaine, nous avons sélectionné des polluants qui doivent être considérés comme des traceurs ou indicateurs de pollution ", explique le Dr Sylvia Médina. Les spécialistes des réseaux de surveillance de la quantité de l'air regroupent les principaux polluants de l'air extérieur en deux catégories : la pollution acido-particulaire et la pollution photo-oxydante.

La pollution acido-particulaire

Elle résulte des rejets de l'industrie et des appareils de chauffage domestique et urbain. Le dioxyde de soufre provient essentiellement de la combustion du fioul, gazole et charbon. Les poussières ou particules en suspension sont issues des industries et des travaux de construction. Elles ont diminué ces trente dernières années (combustible moins chargé en soufre, système de dépollution des cheminées d'usine).

Pollution photo-oxydante

En revanche, les spécialistes observent une augmentation des pollutions émises par les transports entre 1985 et 1990. " Cette situation est en rapport avec un accroissement général du trafic routier et une modification du parc automobile qui comprend une proportion de plus en plus élevée de véhicules diesel ", remarquent des spécialistes. Ainsi, les hydrocarbures sont émis principalement par les automobiles (" les imbrûlés "). Le monoxyde de carbone se dégage quand les moteurs tournent dans un espace clos (garage) ou encore lors d'une concentration de véhicules roulant au pas dans des espaces couverts (tunnel, parking). Les oxydes d'azote sont rejetés dans l'air principalement par les gaz d'échappement des moteurs des véhicules à essence. L'ozone se révèle être le constituant typique de cette pollution photo-oxydante.

Certaines conditions climatiques peuvent accentuer la pollution. Périodiquement en automne et en hiver, l'absence de vent au sol et de précipitations empêchent la dispersion des polluants. Le brouillard emprisonne les polluants dans de micro-goutelettes en suspension dans l'air que nous respirons. En été, l'ensoleillement favorise la transformation des gaz d'échappement en ozone.

Les effets sur la santé

On définit pour certains polluants des niveaux en microgrammes par mètre cube associés à des temps d'exposition qui ne doivent pas être dépassés car ils sont nuisibles à la santé.

Si les polluants acido-particulaires irritent les poumons et font croître les hospitalisations pour maladies du cœur, la pollution photo-oxydante paraît plus préoccupante. On a mis en évidence un lien entre la pollution par l'ozone et des irritations oculaires, la toux et une altération de la fonction respiratoire, surtout chez les enfants et les patients asthmatiques. Les accroissements d'ozone s'accompagnent d'augmentation d'hospitalisations de personnes âgées pour maladies respiratoires chronique, mais également du nombre journalier de visites à domicile de SOS médecins pour maladies respiratoires des enfants.

Autant d'éléments qui doivent nous inciter à une utilisation raisonnable de nos véhicules motorisés.

Bernard Banga.

Questions (pensez à faire des phrases) :

- Quelles sont les deux catégories de pollution de l'air extérieur ?

- Quelles sont les raisons de la pollution acido-particulaire ?

A t-elle augmenté ? Pourquoi ?

- Quelles sont les raisons de la pollution photo-oxydante ?

- Quelles sont les effets principaux sur la santé ? 

Le plan d'alerte

Par arrêté inter préfectoral d'Avril 1994, une procédure d'alerte et d'information du public en cas d'épisode de pollution atmosphérique a été mise en place en Ile-de-France.

3 seuils de gravité croissante portant sur 3 polluants - dioxyde d'azote, ozone et dioxyde de soufre - ont été définis à partir des normes réglementant la qualité de l'air en vue de limiter l'intensité de la pollution et donc leurs effets.

Les concentrations d'exposition horaire retenues pour les déclenchements des différents niveaux sont les suivants (en micro grammes par m3) :

POLLUANTS

Commentaires

En raison de la complexité des mécanismes de la photochimie, la Commission Européenne a considéré que, s'il était prématuré d'imposer une valeur limite pour l'ozone, il était indispensable, en cas de pics de pollution, d'avertir les populations pour qu'elles se protègent.

Ainsi le seuil horaire de 130 micro grammes par m3 (ou 110 µ/m3 sur 8 h), seuil de protection de la santé, correspond à "la concentration qui ne devrait pas être dépassée afin de sauvegarder la santé humaine en cas d'épisodes prolongés de pollution". Ce niveau assure la protection vis à vis des effets aigus de la pollution ambiante par l'ozone.

Cette procédure s'inscrit dans une perspective de protection sanitaire des populations. Le but est de favoriser l'acquisition de comportements de protection sanitaire individuels et collectifs lors des pics de pollution, et de conseiller utilement les personnes les plus vulnérables par la diffusion d'une information la plus complète et objective possible.